Votre activité bat son plein depuis un certain temps ? Vos bénéfices restent stables ou augmentent de façon continue et vous souhaitez donc que votre dur labeur vous rapporte un peu plus ? Alors, il est peut-être temps d’envisager de passer de votre statut d’indépendant en personne physique à la création d’une société pour optimiser vos revenus. Mais que cela signifie-t-il ?
La différence entre le salaire versé par une société et celui d’une personne physique
🧍♂️Personne physique
En tant que personne physique vous payez sans doute quatre types d’impôts. Vous payez un montant de cotisations sociales non négligeable, (trop) d’impôts sur les personnes physiques, la taxe d’habitation et une taxe provinciale. Au final, avec un peu de chance, il vous restera la moitié de ce que vous avez gagné.
💼 Société
En tant qu’indépendant(e) en société, vous payez jusqu’à six types d’impôts, mais en vous y prenant intelligemment, vous pouvez réduire la charge fiscale. Voilà qui devient intéressant, n’est-ce-pas ? Les six types d’impôts sont :
- l’impôt sur les sociétés
- le précompte professionnel
- les cotisations sociales
- l’impôt sur le revenu des personnes physiques
- l’impôt communal
- l’impôt provincial
💡Conseil Accountable : En personne physique, il est intéressant de payer plus de cotisations sociales. En effet, les cotisations sociales sont déductibles fiscalement, de sorte que vous payez moins d’impôts sur vos revenus. Vous voulez payer moins de cotisations sociales ? Créez une société et payez-vous un salaire moins élevé.
À partir de quand est-il plus avantageux de créer une société ?
Bien qu’en tant que chef d’entreprise, vous puissiez opter pour une combinaison de différents types de rémunération alternative au lieu d’un salaire « normal », ce n’est pas toujours plus avantageux. Lorsque vous versez mensuellement la quasi-totalité de vos bénéfices sous forme de salaire, vous payez en fait deux fois des impôts : l’impôt sur les sociétés et l’impôt sur le revenu des personnes physiques.
En tant qu’indépendant(e) en société, il est donc préférable d’attendre de gagner plus d’argent que nécessaire pour vivre avant de créer une société. Mais attendre jusqu’à quand ? Cela dépend du montant que vous souhaitez gagner, de la tranche d’imposition dans laquelle vous vous situez et des différents types de rémunération alternative dont vous pouvez bénéficier.
Les bénéfices d’une société sont imposés à un taux de 25 %, mais sous certaines conditions, vous pouvez bénéficier d’un taux réduit d’impôt sur les sociétés de 20 %. Ce taux réduit s’applique sur la première tranche de bénéfices jusqu’à 100 000 euros. Pour ce faire, vous devez toutefois vous octroyer un salaire minimum de 45 000 euros, sauf si votre entreprise a moins de quatre ans ou si votre salaire est au moins égal au bénéfice brut de l’entreprise.
Mais la question est de savoir si cela est plus avantageux fiscalement que le salaire d’une entreprise individuelle.
Par ailleurs, dans le cadre de la réforme fiscale, il est prévu d’augmenter la tranche d’imposition la plus élevée (50 %). En 2023, vous paierez 50 % d’impôt sur un revenu annuel supérieur à 42 370 euros, tandis que le ministre des finances préconise 60 000 euros en 2024. Cela signifie qu’il peut encore être plus avantageux de conserver son statut de personne physique pendant un certain temps si l’on ne se trouve pas encore dans cette tranche. Reste à savoir si ces projets de réforme se concrétiseront.
Optimisation des salaires
Vous songez à passer en société ? Dans ce cas, il n’est pas une tâche aisée de trouver la combinaison optimale de différents types de rémunération alternative. Outre votre salaire, vous disposez de plusieurs autres moyens de répartir les bénéfices de votre entreprise :
💰Dividendes
💰Réserve de liquidation
💰Passifs courants
💰Pension complémentaire
💰Chèques-repas
💰Avantages de toute nature
💰Location de biens immobiliers
Vous n’avez aucune idée de quoi ces sujets traitent ? Pas de panique, on vous explique tout. Cliquez sur le type de rémunération alternive pour en savoir plus.
Dividendes
Une dividende est un type de bénéfice que votre entreprise distribue à ses actionnaires.
Sur les dividendes, vous payez un précompte mobilier (impôt) de 30 %. Ce n’est pas rien, mais vous ne payez pas de cotisations sociales sur ce montant et vous ne devez plus le déclarer à l’impôt des personnes physiques, ce qui le rend plus avantageux qu’un salaire ordinaire.
Les dividendes ne deviennent vraiment intéressants que lorsque vous avez droit à un précompte mobilier réduit. Pour les dividendes provenant de nouvelles actions de PME, vous pouvez bénéficier du régime dit VVPR-bis.
Celui-ci implique un précompte mobilier de 20 % au cours du troisième exercice et de seulement 15 % à partir du quatrième exercice. Il faut faire preuve d’un peu de patience au début, mais vos efforts finissent par payer.
Réserve de liquidation
Une réserve de liquidation est une alternative intéressante s’il est possible pour vous d’attendre plus longtemps de recevoir votre argent. Dans ce cas, vous placez votre argent sur un compte de passif séparé. Vous payez pour cela un impôt sur les sociétés supplémentaire de 10 %.
Mais après 5 ans, vous ne payez plus que 5 % de précompte mobilier si vous distribuez la réserve de liquidation sous forme de dividendes. Vous économisez donc 15 %. Et dans le cas où vous n’avez pas besoin de cet argent avant l’arrêt de votre activité et donc de votre entreprise, vous ne paierez pas du tout de précompte mobilier. Mais vous n’en êtes probablement pas encore là…
Il est plus probable que vous souhaitiez distribuer cette réserve de liquidation plus tôt. Vous paierez alors un précompte mobilier de 20 %. Dans ce cas, le précompte mobilier total s’élève à 30 %, soit le même que pour un dividende ordinaire. Quoiqu’il arrive, vous n’y perdez pas.
Passifs courants
Les passifs courants vous permettent d’emprunter de l’argent à votre entreprise. Cette opération est intéressante car elle est considérée comme une dépense pour votre entreprise. En outre, en tant que personne, vous ne payez que 30 % de précompte mobilier sur les intérêts de votre prêt. C’est plus avantageux que votre salaire.
Pension complémentaire
En tant que chef d’entreprise, vous pouvez également souscrire à une épargne-pension de différentes manières, par exemple avec un IPT (plan de retraite complémentaire individuel).
Le grand avantage de cette méthode est que votre entreprise paie pour le plan de retraite, et vous, vous n’avez qu’à profiter des avantages qu’il apporte. Sous certaines conditions, les cotisations sont également entièrement déductibles fiscalement pour votre entreprise. Tout le monde y gagne !
Chèques-repas
Lorsque vous créez une entreprise, vous pouvez vous attribuer des chèques-repas. Comme les salariés ordinaires, vous avez droit à un chèque d’un montant maximum de 8 euros par jour ouvrable. L’entreprise peut payer jusqu’à 6,91 euros, mais vous devez déduire de votre salaire les 1,09 euros restants. L’avantage de ce type de rémunération alternative est que votre entreprise bénéficie d’une exonération fiscale et sociale totale sur le montant de vos chèques-repas.
Avantage de toute nature
Vous utilisez sans doute une voiture de société, un ordinateur portable, un smartphone, un abonnement internet et de téléphonie, non ? En tant que société, vous pouvez supporter ces frais entièrement au nom de votre entreprise. Bien que ces éléments soient considérés comme une rémunération, c’est souvent plus avantageux fiscalement.
Location d’un bien immobilier
Si vous travaillez à domicile, vous pouvez louer une partie de votre habitation privée à votre entreprise pour y installer des bureaux. Le loyer perçu à ce titre sera sans doute moins imposé que votre salaire.
💡Conseil Accountable : Tout type de rémunération alternative est soumise à certaines règles ou attentes. Si l’administration fiscale constate que vous demandez un loyer trop élevé ou que vous trichez un peu avec les rémunérations alternatives, vous risquez d’avoir de gros ennuis. Veillez donc à discuter des options et des montants avec votre comptable.
Comment déterminer mon salaire de manière optimale ?
Tout d’abord, vous devez déterminer ce qui est le plus avantageux : être indépendant en personne physique ou une société. Cela dépend principalement de votre chiffre d’affaires total et de vos bénéfices.
Si vous optez pour le statut d’indépendant(e) en personne physique, vous ne pouvez pas faire grand-chose pour optimiser votre salaire d’un point de vue fiscal, si ce n’est déduire frais professionnels. Si le passage en société se justifie, il est judicieux de faire appel à une combinaison des différents types de rémunération alternative. Toutefois, pour bénéficier d’une réduction significative de l’impôt sur les sociétés, vous devez vous verser un salaire de base d’au moins 45 000 euros par an en tant que chef d’entreprise. Vous pouvez répartir le reste entre les chèques-repas, les dividendes, les réserves de liquidation, la pension complémentaire et d’autres rémunérations alternatives.